A l’occasion de la journée mondiale de lutte contre la tuberculose du 24 mars, retour sur TB-Speed, projet de recherche coordonné par l’université de Bordeaux. Son objectif : contribuer à la réduction de la mortalité chez les enfants due à cette maladie.
Un monde sans tuberculose ne sera possible que si tous les enfants sont diagnostiqués quel que soit l’endroit où ils vivent et qu’ils ont accès au traitement. C’est le défi lancé lors de la journée mondiale de lutte contre la tuberculose qui a eu lieu ce 24 mars 2018. Cela doit passer aussi par un fort engagement des parties-prenantes de la tuberculose et des leaders, particulièrement des pays durement touchés par cette maladie. C’est pour cela que les organisateurs ont lancé l’« avis de recherche : des chefs de file pour un monde exempt de tuberculose ».
Responsable de plus de 4 500 décès par jour, cette maladie présente des impacts sociaux, économiques et de santé dévastateurs. Bien que la tuberculose soit une maladie curable, trop d’enfants n’ont toujours pas accès au traitement et meurent de la maladie du fait de l’absence de diagnostic.
Dépister 77 000 enfants
C’est justement pour lutter contre la tuberculose infantile qu’a été lancé en septembre 2017 le projet TB-Speed, coordonné par l’université de Bordeaux. Financé par Unitaid et l’Initiative 5%, c’est un projet de recherche visant à contribuer à la réduction la mortalité infantile due à la tuberculose grâce à une approche diagnostique décentralisée innovante et coût-efficace. Cela permettra d’accroître le diagnostic précoce de la tuberculose chez l’enfant et de faciliter l’accès au traitement.
Ce projet s’organisera autour de 2 grands axes :
- la décentralisation du diagnostic de la tuberculose dans les districts et les centres de santé primaires
- la systématisation du dépistage de la tuberculose chez les enfants hautement vulnérables (infectés par le VIH, sévèrement malnutris et atteints de pneumonie sévère).
Le projet contribuera au dépistage d’environ 77 000 enfants : ”Aujourd’hui plus de 600 enfants meurent chaque jour de la tuberculose. 95% d’entre eux ont moins de 5 ans et n’ont pas accès au traitement. Ceci est principalement lié à une absence de diagnostic. En renforçant les services de tuberculose pédiatrique, TB-Speed permettra d’augmenter le nombre d’enfants diagnostiqués et qui pourront être mis sous traitement. Cela représente un défi majeur qui répond aux attentes des patients ». Dr. Olivier Marcy, directeur du projet
Cette recherche incluera une approche diagnostique bactériologique optimisée utilisant un test moléculaire nouvellement développé, le test Xpert MTB/RIF Ultra, sur des échantillons plus faciles à obtenir chez l’enfant (selles et l’aspiration nasopharyngée), l’introduction de la radiographie pulmonaire digitalisée ainsi que la formation et le soutien des cliniciens pour la mise en œuvre du dépistage et du diagnostic de la tuberculose chez l’enfant.
TB-Speed durera 4 ans dans sept pays d’Afrique et d’Asie : le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Mozambique, l’Ouganda, le Sierra Leone, la Zambie et le Cambodge. Son consortium pluridisciplinaire, coordonné par l’université de Bordeaux, associe des chercheurs, des experts techniques, des professionnels de santé, des directeurs de programme de santé publique et des Organisations non gouvernementales, des pays à faibles moyennes et fortes ressources.
La tuberculose chez les enfants, le constat
En 2016, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) estimait qu’un million d’enfants avaient contracté la tuberculose et que 250 000 d’entre eux en étaient décédés, dont 95% dans des pays à revenus faibles ou intermédiaires. Les enjeux majeurs liés au diagnostic de la tuberculose chez l’enfant conduisent au fait que seulement 45% de l’ensemble des cas de tuberculose sont déclarés aux autorités en 2015 (sources : Rapport sur la lutte contre la tuberculose dans le monde. WHO 2017).